Féminicides
LE FEMINICIDE
Le « féminicide » ou « fémicide » est le fait de tuer volontairement des femmes ou des filles simplement parce qu’elles sont des femmes. En effet, il s’agit comme le dit Diana RUSSEL dans son ouvrage « Féminicide : Politics of Woman Killings », « le meurtre d’une femme parce qu’elle est une femme ». Comme nous pouvons le constater nous vivons dans une société où les femmes sont méprisées, et leurs droits bafoués. Ce qui amène donc à la perte de valeur des femmes, aux yeux des hommes, qui exercent constamment tous types de violences sur ces dernières. Et le pire c’est que cette haine de certains hommes sur les femmes va parfois jusqu’au meurtre sans aucune condamnation pénale. La société ayant toujours banalisée la violence masculine contre les femmes n’a pas pris la peine de considérer ce genre d’actes comme étant des homicides et de le reconnaître entant que tel dans le code pénal.
Aussi, l’OMS reconnait plusieurs cas de féminicides :
- Le féminicide « intime » perpétrer par le conjoint ou l’ex de la victime. En effet d’après un sondage plus de 35% des femmes assassinées dans le monde le seraient par leurs partenaires, contre 5% seulement des meurtres concernant les hommes.
- Les crimes « d’honneur » ayant pour but de préserver l’honneur familial.
- Les féminicides liés à la dot : en effet dans certaines régions d’Inde des jeunes femmes sont assassinées par des membres de leurs belles familles du simple fait de l’insuffisance de la dot apportée.
- Les féminicides « non-intimes » : exécutés par des personnes étrangères à la victime.
En France, tous les deux jours et demi en moyenne, une femme est tuée par son conjoint.
Ces meurtres arrivent à la suite de violences machistes à savoir harcèlement psychologiques, violences physiques, viols, menaces de morts. Les motivations de ce genre d’actes sont soit l’adultère réel ou supposé, et la séparation. L’homme perd ainsi toute maîtrise en face de la femme qui se défend et fini par la tuer. Les hommes sont convaincus que les femmes sont des choses qui leurs appartiennent et essaient de s’emparer de leurs corps par toutes formes d’agressions sexuelles et sexistes, par le viol et aussi les assassinats. Pour toutes ces raisons, le féminicide devrait être reconnu comme un crime misogyne, statué comme tel et soumis à la décision de sa juridiction. Ainsi dans plusieurs pays d’Amérique Latine comme, l’Argentine, le Chili, le Costa Rica, la Colombie, Salvador, le Guatemala, le Mexique, le Pérou, le féminicide est considéré comme un fait aggravant du meurtre, lorsqu’il exécuté sur une femme par son mari ou son ex-conjoint.
En Mars 2016, la Belgique a approuvé la « Convention d’Istanbul »et a voté le 10 Juin 2016 une « résolution condamnant le féminicide ».
En Suisse grâce à la grève des femmes du 14 Juin 2019 sur la contestation du traitement des violences domestiques et des meurtres de femmes par leurs conjoints ou ex-compagnons comme des faits divers isolés, la législation suisse se base sur la « Convention d’Istanbul » et rend public les données sur « la violence domestique selon les sexes ».
Selon « La Croix », « l’Espagne reste pionnière dans sa lutte contre les féminicides et constitue un exemple à suivre pour d’autres pays ». En effet le nombre de féminicides en Espagne a diminué à savoir, de 71 femmes tuées en 2003 à 47 pour l’année 2018. Depuis 1997, l’Espagne a de manière progressive installé un ensemble de moyens variés et complémentaires dans la lutte contre ces meurtres, dans un planning ayant pour objectifs précis les violences de genre perpétrées contre les femmes. En 1999 est mise en place une infraction particulière si les violences sont courantes.
En France le mot « féminicide » n’apparait pas encore dans le code pénal même s’il est utilisé en Droit et en Sciences Humaines depuis 2014. Toutefois, le meurtre d’une personne par son conjoint constitue une circonstance aggravante selon l’article 221-4 et conduit à une peine de 30 ans de réclusion criminelle à perpétuité. Depuis 2017, la loi « égalité et citoyenneté » stipule que commettre une infraction pénale sur une personne au motif de son sexe fait lieu d’une circonstance aggravante. Il est quand même à noter que les arguments de tels motifs restent difficiles à démontrer. Selon la « Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme » ces clause sont peu ou mal appliquées, et « dans le cas des violences contre les femmes, ce n’est pas seulement tel lien relationnel entre deux individus qui est en cause, mais bien le rapport de genre sous-jacent ».
Comme on peut le constater en France, le législateur a décidé de mettre l’accent sur le sexisme dont les hommes sont susceptibles d’être victimes, plutôt que sur le motif de féminicide. Cette hypothèse respecte le principe de neutralité du droit pénal. Comme on l’a dit précédemment ces mesures restent insuffisantes pour pallier au problème de féminicide en France. Pour ce faire, de nouvelles mesures pour une réelle application de loi contre les violences faites aux femmes devraient être adoptées.
Dans cette perspective d’établir de nouvelles lois pour lutter contre les violences faites aux femmes nous pouvons entre autres parler du projet de loi contre le féminicide d’Aurélien Pradié (LR). Dans son projet de loi, Aurélien Pradié propose :
- Un bracelet électronique :
Répertorié dans la loi depuis 2009, le port du bracelet électronique anti-rapprochement pour lutter contre les assassinats de femmes et les violences conjugales n’a jamais été mise en application affirme « Le Huffpost ». Ce bracelet a pour objectif de placer sous observation et de façon électronique les hommes violents. De cette façon, les victimes et les forces de l’ordre seront avertis par l’appareil électronique de leur présence auprès de leurs victimes. Aurélien Pradié fait ainsi appel au gouvernement et demande à ce que cette loi soit inscrite dans le code pénal et par la suite appliquée. Avec cette loi le conjoint sera éloigné de sa victime avant sa comparution en justice ; ce qui assurera la protection de la femme.
- La protection du domicile de la victime :
Avec cette loi la victime sera bien protégée et pourra toujours résider à son domicile sans avoir recours à des logements incertains. Mais dans le cas où les victimes décidaient de quitter leurs domiciles, elles seront pas livrées à elles-mêmes. Elles seront prises en charge et leurs premiers mois de loyers aussi. Cette loi prendrait ainsi en compte les conditions fragiles et délicates dans lesquelles les victimes se trouvent et qui les empêchent parfois de fuir leurs bourreaux.
Orienter les femmes victimes de violences en Île-de-France.
https://orientationviolences.hubertine.fr
http://asso-idf.hubertine.fr/halte-aide-aux-femmes-battues-hafb
Poème contre le féminicide
L’âme en pleurs.
Le visage tuméfie.
L’air humilié.
Tu es battue, rebattue.
Par un cœur pourtant aimé.
Tu te débat.
Malmenée, ridiculisée, humiliée.
À l’extrême.
En public.
En secret.
Dans le secret.
Avec des regrets.
Parfois sincères.
Parfois pas.
Mais qu’importe.
La douleur est là.
Elle persiste.
La déchirure est là.
Et tu endures ça. Écartelée.
Jours après jours.
Tes enfants endurent ça.
Jours après jours.
Que faire?
Se cacher .
Ce détacher?
Hurler .
Pleurer .
S’enfuir?
Fuir .
Oui fuir.
Trouver un refuge.
Une oasis.
Un havre de paix.
Réclamer justice.
Mettre fin aux souffrances.
À la douleur et aux angoisses.
Quitter l’homme violent.
Au plus vite.
Sans tergiverser.
Avant de perdre sa vie.
Et celle de ses enfants.
Vivre et revivre.
Sans plus tarder.
Être aimée.
Protégée.
Vivre dans le bonheur.
Vivre dans la joie.
Pour soi.
Et pour ses enfants.
Loin de la fureur incontrôlée.
Loin de l’ouragan.
Qui ravage tout.
Même jusque dans l’âme.
Et détruit l’amour plein de promesses.
Qui pourtant existait.
Et qui a laissé la place à la terreur.
Et à d’autres sentiments.
Moins glorieux.
Les ténèbres ont obscurci le ciel bleu.
Mais le soleil vient toujours après la pluie.
Il faut fuir.
Surtout ne pas rester !
Et parler.
Oser parler.
Dire la vérité.
Celle qui n’est pas belle à dire.
Celle qui n’est pas belle à voir.
Trouver une issue.
Vite, vite, vite !
Sans plus tarder et sans détour.
Hurler, pleurer, s’en aller !
Ne plus revenir !
Fuir, fuir, fuir !